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Sur les eaux de Munroe Island, en Inde, un Kerala envoûtant en sursis

🇮🇳 Sur les eaux de Munroe Island, en Inde, un Kerala envoûtant en sursis


Cet été, nous partons à la découverte de sites extraordinaires méconnus. Pour la cinquième et dernière étape de notre série « Coups de cœur d’ailleurs », Côme Bastin raconte, depuis l’Inde, l’archipel de Munroe Island. À cet endroit, les marées de la mer d’Arabie rencontrent les anciens canaux marchands du Kerala, État tropical indien, pour former cet archipel intérieur fascinant. Un dédale d’eau, de cocotiers et de villages cependant grignotés par l’érosion… et le tourisme.


Le long d’un petit canal, une barque en bois glisse sous une voûte de cocotiers. Elle passe devant des maisons aux couleurs délavées, croise des martins-pêcheurs et des hérons, puis débouche sur un immense lac où des pêcheurs lancent leur filet. Au loin, la rumeur mystique des temples hindous.


Le genre de scène suspendue dans le labyrinthe humide de Munroe Island, un archipel intérieur, huit îles dans les terres de l’État du Kerala, séparées par des bras d’eau. Ces fameux backwaters ont été creusés pour transporter les épices des montagnes vers la mer d’Arabie puis le monde. Le plus célèbre ici porte le nom de John Munroe, colonel britannique qui supervisa sa construction au XIXe siècle.


Le paysage enchanteur de ces backwaters fait partie des incontournables au Kerala. Unique au monde, le voilà victime de son succès. La ville d’Allepey, passage obligé de tous les voyages organisés, se trouve désormais envahie de touristes. Trop d’hôtels, trop de bateaux, parfois bruyants, y ont transformé les paisibles canaux en autoroutes aquatiques, comme à Venise.


Pour les allergiques au tourisme de masse, il faut pousser plus loin. À Munroe Island, justement, que l’on rejoint en taxi ou par sa petite gare. Munroe Island est une alternative encore dans son jus. L’idéal : viser septembre où a lieu Onam, le joyeux festival des récoltes du Kerala. Munroe est alors le théâtre de spectaculaires courses de bateaux. Ou bien mars, lorsque des éléphants traversent les canaux pour être décorés lors de fêtes nocturnes éclairées aux chandelles !


Revers de la médaille, Munroe ne dispose pas d’hôtels haut de gamme. Le tourisme y est récent et porté par les classes populaires ou moyennes d’Inde.On y dort chez l’habitant ou dans un des hôtels construits de bric et de broc sur l’eau (mais confortables et climatisés) dont certains accès sont inondés lors des plus hautes m

arées - un cycle de l’eau par ailleurs fascinant à observer.


De là, pas besoin de chercher loin pour un tour en barque sur les backwaters ou dans les mangroves, un poisson frais grillé ou cuit en feuille de banane, ou, le soir, un toddy shop qui sert une bière à la noix de coco prisée des locaux. Il ne faut pas hésiter à se perdre à Munroe pour y admirer la vie locale. Les habitants parlent mal anglais mais ont à cœur de partager leur amour pour cet environnement, qu’ils savent menacé.


Depuis le tsunami de 2004, Munroe est peu à peu submergée et se dépeuple. Partout, des maisons abandonnées face à la montée des eaux saumâtres. La culture de coco y devient difficile, d’où la reconversion vers le tourisme de beaucoup d’habitants. Changement climatique ? Érosion des sols ? On ne sait pas trop mais les faits sont là.

Article Ouest France.

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